Mangeuse compulsive : je te raconte mon histoire

As-tu déjà eu l’impression d’être obsédée par la nourriture ? Moi oui, et ça a duré pendant près de 15 ans. Je m’appelle Johanne, j’ai 43 ans et je vis en Seine-et-Marne. Aujourd’hui, en tant que coach, auteure, podcasteuse et experte en alimentation émotionnelle, j’aide les femmes à se libérer des compulsions et de l’obsession alimentaire.

Avant d’être un guide pour les autres, j’ai donc moi-même été mangeuse compulsive. J’ai mangé pour apaiser mon stress et mes angoisses. Dans cet article, je vais te raconter mon histoire pour que tu saches par quoi je suis passée et comment je m’en suis sortie. Ce témoignage d’une ex-mangeuse émotionnelle agira peut-être comme un miroir, afin que tu prennes conscience des mécanismes qui te poussent, toi aussi (et comme beaucoup de femmes), à manger compulsivement en te jetant sur la nourriture à la moindre contrariété.

Je suis Johanne, ancienne mangeuse émotionnelle

L’origine de mon obsession pour le poids et la minceur

Mon histoire débute à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. C’est là que je suis née et que j’ai grandi. Mes parents étaient immigrés du Maroc. Ils sont arrivés en 1971 et ils étaient vraiment obnubilés par notre intégration et notre réussite.

💬 J’ai le souvenir de mon père qui, depuis toute petite, me disait : « Ma fille, si tu travailles bien à l’école, tu décrocheras de bons diplômes, tu trouveras un bon travail et un bon mari, vous achèterez une maison, vous aurez des enfants et tu seras heureuse ».

Témoignage d’une ancienne mangeuse émotionnelle compulsive

Sur le papier, ça avait l’air génial. Alors, j’ai suivi ces conseils en bonne petite fille que j’étais. J’ai travaillé dur à l’école. De 2000 à 2004, j’ai intégré une grande école de commerce qui s’appelle l’ESSEC, pour ensuite décrocher de super jobs dans le marketing, que ce soit chez Nestlé, dans les cosmétiques ou pour les grands magasins Printemps.

Résultat : à 25 ans, j’étais propriétaire de mon appart. J’avais un chéri avec lequel je filais le parfait amour, un placard rempli de vêtements. Je faisais des voyages au bout du monde tous les étés. J’étais sportive, je courais des semi-marathons. J’étais vraiment la trentenaire à qui tout réussit. Et franchement, sur le papier, j’avais tout pour être heureuse.

❌ Mais… En réalité, je vivais un profond mal-être. Toute ma vie, je me suis sentie nulle, moche, grosse, toujours trop grosse. J’avais une faible estime de moi-même. À force de me comparer, j’avais l’impression que tout le monde était mieux que moi. Pour être à la hauteur, il n’y avait qu’une solution : travailler dur et surtout être mince. Et j’ai tout fait pour. J’ai TOUT testé.

Je dirais que mon obsession pour la minceur a réellement commencé lors d’un premier stage dans les cosmétiques, justement. J’avais tout juste 20 ans et je travaillais quasiment uniquement avec des femmes. À la cafétéria, le midi, tout le monde ramenait sa gamelle et toutes les nanas parlaient de leurs poids, des dernières techniques qu’elles avaient testées pour enfin se débarrasser de leurs kilos en trop.

C’est là que cette graine a germé en moi : j’ai commencé à me dire que, finalement, le poids, c’était vraiment important. C’était la clé pour être acceptée.

Or, une des filles de mon âge disait avoir perdu 15 kilos avec le régime Montignac. Ni une ni deux, le soir même, j’étais à la FNAC pour acheter le livre.

🥗 Ensuite, pour maigrir, j’ai enchaîné des années de régimes en tous genres en fonction de la mode du moment : 

  • la chrononutrition ;

  • les régimes hypoglucidiques ;

  • le tout fruit, le tout soupe ;

  • le régime pomme ;

  • le régime ananas ;

  • la diète végétarienne ;

  • manger bio ;

  • éviter les aliments transformés ;

  • et bien sûr le régime Dukan (en avalant des tranches de dindes et des bâtonnets de surimi à n’en plus pouvoir).

Je passais également beaucoup de temps en cuisine. Je testais les cures de jus, les méthodes détox. Je suis partie en stage pour perdre du poids et surtout lutter contre mon addiction au sucre (ce que j’avais identifié comme le principal obstacle à ma perte de poids). J’étais quelqu’un de déterminé et de motivé, mais face au sucre, je me sentais faible et sans volonté.

L’anecdote qui résume le mieux mon quotidien de mangeuse compulsive

Je vais te raconter une anecdote qui, je pense, résume assez bien à quoi ressemblait mon quotidien de mangeuse émotionnelle compulsive, à la fois obsédée par la nourriture et par mon poids.

🥐 Un matin, au travail, un collègue ramène très gentiment une corbeille de mini-viennoiseries. Il passe de bureau en bureau pour nous en proposer. Sauf que moi, à cette période, je venais tout juste de commencer une cure de jus. Ça faisait deux jours que je ne consommais que ça. Il était donc hors de question que je prenne une viennoiserie, aussi petite soit-elle.

Poliment, je remercie mon collègue, mais je refuse en prétextant que j’ai déjà pris mon petit déjeuner. Dans un coin de la lucarne, j’aperçois les collègues qui sont en train de passer un bon moment ensemble autour de leur viennoiserie, de leur café, en train de papoter le matin. Je me privais clairement de ce moment de partage.

🕔 La journée passe, les réunions s’enchaînent, le stress s’accumule. Et là, vers 17 h 30, face à ma montagne d’e-mails, j’ai une pensée obsessionnelle qui me traverse : je pense à cette fameuse corbeille de viennoiserie.

Vraiment, je ne pense plus qu’à une chose : cette fichue corbeille de viennoiseries. Je me mets alors à faire le tour de tous les étages et de toutes les kitchenettes à la recherche des restes de la corbeille de viennoiseries, jusqu’à ce que je tombe dessus et que je découvre à l’intérieur de cette corbeille trois croissants froids, secs et écrabouillés.

Je les gobe, littéralement. Je les avale les uns après les autres, sans même respirer, sans même réfléchir, dans la honte et la culpabilité. La dernière chose que je souhaite, c’est que quelqu’un me voit en train de dévorer ses croissants de façon compulsive et incontrôlée. Et le pire dans tout ça, c’est qu’en fait, je déteste les croissants ! Moi, ce que j’aime, ce sont les pains au chocolat.

Pour avoir renoncé à cette viennoiserie le matin, je me retrouve ainsi à dévorer les croissants froids. J’ai le souvenir précis qu’il y en avait trois ou quatre. C’était finalement une quantité assez raisonnable. La réalité, c’est que s’il y en avait huit, je pense que je les aurais TOUS engloutis. Dans ces moments-là, j’étais insatiable et rien ne pouvait m’arrêter. La seule chose qui pouvait (éventuellement) me freiner, c’était l’inconfort physique. Autrement, c’était la quantité de nourriture que j’avais à ma disposition. J’étais totalement déconnectée de mes sensations alimentaires, et notamment de la sensation de satiété.

Je ne vais pas te mentir, ce genre de situation où je me retrouvais à manger compulsivement, sans forcément avoir de l’appétit, ça m’a rendu folle et ça me désespérait. Je n’arrêtais pas de me répéter : « Mais Johanne, tu as accompli tellement de choses dans ta vie, tellement de choses sur lesquelles on ne t’attendait pas. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? ».

Je suis Johanne, ex-mangeuse émotionnelle compulsive pendant 15 ans

Mes tentatives pour soigner ma relation malsaine avec la nourriture

Pendant toutes ces années où j’étais une mangeuse compulsive (de 2005 à 2015), je vivais en couple et mon copain voyait bien qu’il y avait quelque chose qui clochait dans ma relation à la nourriture et dans mes habitudes alimentaires. C’était quelqu’un de vraiment doux, bienveillant. Mais paradoxalement, plus il essayait de m’aider, plus c’était contreproductif. Quand tu as envie d’assouvir une compulsion alimentaire, il n’y a rien de pire que quelqu’un sur ton dos qui te dit : « Chérie, tu es sûre que tu vas manger tout ça ? ». Résultat, j’essayais juste de me planquer un peu mieux la fois suivante.

Pour essayer de soigner ma relation malsaine avec la nourriture, j’ai lu beaucoup de livres et écouté beaucoup de conférences. J’ai aussi suivi beaucoup de programmes de perte de poids et de développement personnel.

✔️ L’avantage, c’est que j’ai développé une connaissance de dingue sur la nutrition, la santé, l’alimentation sportive, les compléments alimentaires.

✖️ L’inconvénient, c’est que je n’ai jamais réussi à obtenir des résultats pérennes. De l’extérieur, j’avais l’impression que rien ne changeait, et surtout pas durablement.

Les choses se sont aggravées et j’ai vraiment touché le fond à l’approche de mes 30 ans. Je ne sais pas pourquoi. Je pense que c’est une sorte de cap psychologique vis-à-vis de chiffres symboliques.

Je me suis dit : « Cette fois-ci, c’est la bonne, je vais y arriver ». J’ai ouvert un tableau Excel et j’ai commencé à enregistrer toutes mes calories. Petite précision : à l’époque, il n’y avait pas toutes les applications qui permettent en un clic d’enregistrer les calories, donc je le faisais à la main dans mon tableur. Je me restreignais à 1200, voire 1500 calories par jour. En parallèle, je pratiquais plusieurs activités sportives 5 à 6 fois par semaine.

En trois mois, j’ai perdu tout le poids que je souhaitais perdre, et même plus. D’ailleurs, c’est quelque chose que je n’ai pas précisé, mais en gros, je faisais 55-56 kilos pour 1,62 m. En vrai, j’étais parfaitement proportionnée, mais j’avais en tête un objectif précis, un poids idéal : je voulais faire 50 kilos. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien, mais le 50, ça me plaisait bien. En trois mois, j’y suis arrivée. J’ai perdu très, très vite 5 à 6 kilos et je suis même descendue en dessous de mon objectif, puisque je pesais 48-49 kilos.

🎉 J’y étais arrivée, enfin ! Une partie de moi était extatique. J’étais sur mon nuage, victorieuse.

Et pourtant… Il y avait une autre facette de moi qui était triste. Parce que je prenais conscience que malgré cette perte de poids, je ne m’aimais toujours pas. Sauf que cette fois-ci, j’étais piégée. J’avais fait tellement d’efforts pendant toutes ces semaines à traquer la moindre calorie, à déduire, à ajouter, à me priver. J’avais trop peur de reprendre ce poids. J’avais fait tellement d’efforts.

Mais évidemment, à ce compte-là, on ne tient pas très longtemps. C’était impossible pour moi de tenir sainement cette restriction alimentaire. Trois mois plus tard, j’avais repris non seulement les 5 à 6 kilos perdus, mais en gros, j’avais pris le double. Je me détestais d’être grosse et d’avoir échoué lamentablement à manger moins.

C’est à ce moment-là que j’ai commencé à comprendre que j’avais besoin d’aide et que je n’y arriverai pas toute seule. J’ai pris les pages jaunes. J’ai cherché les noms qui sortaient sous « psychothérapie » et le hasard a fait que j’ai trouvé une personne géniale, un homme. J’avais besoin d’une incarnation masculine pour ne pas me comparer. Cette personne m’a beaucoup aidée : à chaque séance, je vidais mon sac, je commençais à recoller les morceaux de mon histoire, à comprendre un petit peu plus les choses. J’arrivais à faire des connexions avec mon enfance, mon passé, mon père, mon éducation, mon rapport au manque et à l’argent.

Malgré tout ce travail avec un psychothérapeute, malgré le sentiment d’avoir progressé et avancé, j’avais toujours un rapport dysfonctionnel à la nourriture. Il y avait toujours des événements du quotidien, des rencontres, des conversations qui déclenchaient toujours les mêmes mécanismes d’auto-sabotage et de compulsion alimentaire.

J’avais le sentiment d’avoir compris et intellectualisé les choses, mais finalement, rien n’était résolu. Et au fond de moi, j’étais toujours obnubilée par l’idée d’être mince et de perdre du poids. C’est vraiment quelque chose qui continuait de me coller à la peau.

Finalement, j’ai pris conscience que la psychothérapie m’aidait, mais qu’elle ne résolvait ni mes problèmes de compulsions ni mon obsession alimentaire. Tout ce conflit intérieur, ce combat que je menais, aurait pu continuer encore des années et des années, voire des décennies…

Le cycle infernal d’une mangeuse compulsive

Le cycle infernal d’une mangeuse compulsive : quand le corps se sent privé ou que l'on éprouve de la culpabilité après avoir mangé, la honte et la frustration alimentent les compulsions.

Comment j’ai (enfin) réussi à sortir de mes compulsions alimentaires émotionnelles

Les choses ont de nouveau basculé pour moi en 2016. J’ai 35 ans, je suis au top professionnellement, directrice marketing d’une boite de transport. J’ai un salaire à six chiffres, un bureau gigantesque, je suis membre au Comité exécutif de l’entreprise. En bonne mangeuse compulsive, je continue de m’empiffrer de madeleines industrielles cachées dans le placard de mon bureau. Mais en apparence, tout va bien !

💣 Et puis, paf :

  • Je me fais licencier du jour au lendemain.

  • Mon couple bat de l’aile et on décide de se séparer.

  • On me détecte un problème de santé féminin (des fibromes utérins) alors que je n’ai pas encore d’enfant.

Je passe de tout à rien. Mais paradoxalement, c’est cette chute brutale et le vide sidéral qui a suivi qui a marqué le début de ma libération. Bien sûr, j’ai pleuré. Ensuite, j’ai fait la fête. J’étais célibataire pour la première fois de ma vie puisque j’avais été en couple avec la même personne de mes 19 à mes 35 ans.

Enfin, j’ai vraiment eu envie de sortir de cette sorte de gueule de bois que je vivais dans ma vie, une sorte de gueule de bois permanente et j’ai eu envie de reconstruire. Ça paraît un peu cliché, mais j’ai pris une feuille pour écrire mes rêves. Je me suis demandé : « Si tu devais mourir demain, quelles sont les choses que tu voudrais vivre et expérimenter ? ».

✍🏻 Comme une évidence, au sommet de ma feuille, j’ai écrit : « Travailler sur ma guérison à Hippocrate Health Institute ». Cet endroit, une oasis de guérison situé en Floride (aux États-Unis) est un endroit que j’avais identifié depuis longtemps. Il revenait dans toutes mes recherches, dans le témoignage de toutes les personnes que je suivais. Tout me menait à ce lieu et je m’étais toujours dit : « Quand je serai à la retraite, que j’aurai du temps, de l’argent et plus personne qui compte sur moi, j’irai passer du temps à Hippocrates Health Institute ».

La vie a voulu qu’à ce moment-là précis, j’avais un peu de temps devant moi, un peu d’argent et personne, finalement, qui comptait sur moi. Ni une ni deux, j’ai réservé mon billet d’avion et je suis partie près de trois mois là-bas pour travailler sur moi et sur ma propre libération.

 ✅ C’est ce qui a vraiment changé ma vie de mangeuse émotionnelle compulsive.

Là-bas, j’ai fait un travail profond qu’on appelle « Body, Mind and Soul ». Il s’agit d’un travail global, holistique, à la fois sur le corps, l’esprit, l’âme et les émotions. J’ai découvert l’importance du mouvement et de l’activité physique, l’importance de l’intégration émotionnelle. J’ai également expérimenté les groupes de parole.

C’est là-bas que j’ai compris que si j’avais mangé compulsivement toutes ces années, c’était simplement pour apaiser ma peur du manque et m’apporter une forme de sécurité intérieure. Quand je me mettais au régime et que je me privais, c’était pour retrouver une forme de contrôle dans ma vie. Au fond, je n’étais pas bien dans mon job, je n’étais pas à ma place. J’avais du mal d’ailleurs aussi à trouver ma place avec mes amis, avec les autres. Ma vie était en mode pilotage automatique et je me sentais piégée. Au final, avec le contrôle alimentaire, je me donnais l’illusion de pouvoir contrôler quelque chose, ma prise de poids, mon apparence.

Ce fut une expérience tellement transformatrice que j’ai eu envie, à mon tour, d’offrir ce raccourci à d’autres personnes. J’ai continué de compléter ma formation. Je suis devenue coach certifiée, diplômée d’Institute for Integrative Nutrition (IIN), une école de nutrition basée à New York.

Le témoignage d’une ancienne mangeuse compulsive

De retour en France, j’ai utilisé un contrat intérimaire chez Google comme transition, avec l’idée très claire de devenir coach pour les femmes qui s’identifient comme mangeuses émotionnelles compulsives. Au départ, j’étais marketeuse le jour et j’offrais des ateliers et des coachings individuels le soir et le week-end, jusqu’à en faire mon activité principale. Franchement, je n’ai jamais accompli autant de choses dans ma vie que dans les trois années qui ont suivi ma guérison. J’ai retrouvé un chéri et j’ai eu un petit garçon, Louis. On a quitté Paris pour un écrin de verdure en Seine-et-Marne.

Depuis 2018 où je me suis lancée comme coach en alimentation émotionnelle, j’exerce vraiment un métier passion. J’ai créé mon programme signature, le coaching alimentaire Déjeuner en paix, ma visibilité n’a cessé d’augmenter sur les réseaux sociaux et j’ai publié le livre « Mon cahier Kilos émotionnels » aux éditions Solar. J’ai aussi lancé mon propre podcast et je multiplie les interventions dans les médias pour parler de mes accompagnements. Je sais que j’ai trouvé ma zone de génie et ma mission de vie et ça me fait un frisson de te le dire. J’en suis très fière.

Besoin d’aide pour arrêter de manger compulsivement ?

Voilà pour mon histoire et mon témoignage d’ex-mangeuse compulsive. Sache que je ne suis pas meilleure que toi. Si j’ai réussi à me sortir des compulsions alimentaires, tu en es toi aussi tout à fait capable, mais à une condition : commencer à regarder au bon endroit. Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas du côté de ton assiette ni de ta balance…

📘 Si mon histoire a résonné en toi, je t’invite à télécharger mon guide gratuit pour apprendre à ne plus manger ses émotions. Grâce à cette ressource, tu pourras faire le diagnostic de ton rapport à la nourriture, avant de découvrir un plan d’action en 5 étapes pour te libérer de tes compulsions alimentaires émotionnelles.

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Comment perdre ses kilos émotionnels ?